"Pour moi, l'art est un moyen de déclencher l'attention de quelqu'un et de le faire réfléchir sur des choses peu évidentes." - Dima Tolkachov
"Les images doivent être frappantes pour attirer l'attention et évoquer des sentiments." Dima Tolkachov
Photo : Exposition du Focus Ukraine @Circulation(s) 2024 - Séries photo de Dima Tolkachov -Séries "Faces" (à droite) imprimée sur Bloc Photo Plexi
Entretien avec l'artiste ukrainien Dima Tolkachov
1/ Peux-tu en dire un peu plus sur toi ?
Je suis un artiste visuel né en 1989 et basé à Kiev, en Ukraine. Je travaille principalement avec la photographie comme matériau pour construire des typologies conceptuelles. J'expérimente également des techniques graphiques numériques, des vidéos et des objets.
2/ Comment as-tu débuté en photographie ? Que signifient pour toi la photographie et l'art ?
Je n'ai pas de formation artistique professionnelle. Je suis essentiellement autodidacte. Lorsque j'ai commencé à m'intéresser à l'art, j'ai trouvé que la photographie était une méthode accessible pour exprimer des idées. Le seuil d'entrée est raisonnablement accessible. Tout ce dont vous avez besoin, c'est d'un appareil photo et d'une bonne dose de pratique.
Je considère la photographie comme un outil. Tout instrument a pour but de nous aider à atteindre un objectif. En évoluant en tant qu'artiste, j'ai compris que j'aimerais poser des questions qui suscitent la réflexion à travers mes œuvres. Pour moi, l'art est un moyen de déclencher l'attention de quelqu'un et de le faire réfléchir sur des choses peu évidentes.
3/ Comment décrirais-tu ton style ? Quel a été l'impact de la guerre sur ton travail ?
Je cherche à découvrir des métaphores visuelles qui doivent être aussi simples que possible. Les images doivent être frappantes pour attirer l'attention et évoquer des sentiments. Mais il doit y avoir quelque chose de plus derrière elles - une promesse de trouver d'autres couches de signification.
Lorsque je travaille sur un projet, j'ai l'habitude de suivre deux stratégies. Soit je collecte le matériel qui attire mon attention et je conceptualise mes découvertes, soit j'invente d'abord un concept et je recherche ou crée des œuvres qui correspondent à l'idée. Je pense qu'il est important de ne pas prendre de photos mais de réfléchir à ce que l'on a vu. J'essaie donc de creuser plus profondément sous la surface des images.
Depuis le début de l'invasion russe à grande échelle en février 2022, j'ai principalement cherché des métaphores exprimant la manière dont la guerre affecte ma perception de la réalité. En documentant les traces de la guerre, je cherche à détecter des détails moins visibles qui ne sont généralement pas montrés dans les journaux télévisés. Je pense qu'ils peuvent révéler des symptômes de la guerre à un niveau plus personnel.
4/ Est-ce la première fois que tu présentes ton travail dans une exposition ? Peux-tu décrire ce que tu ressens ?
J'ai déjà participé à des expositions collectives en Europe. J'ai également co-créé quelques projets d'exposition en Ukraine. Mais c'est la première fois que je montre mes œuvres à Paris, en particulier dans le cadre d'un festival aussi important. Je suis impressionné par les efforts de l'équipe pour tirer le meilleur parti de mes idées. Étant donné que je ne pouvais pas être présent à Paris, leur aide dans l'organisation de la scénographie est inestimable. Je suis incroyablement reconnaissante à tous les membres du collectif qui ont partagé leur soutien avec moi !
A propos de Dima Tolkachov
Né en 1989, Dima Tolkachov est basé à Kyiv, en Ukraine. Il utilise principalement la photographie comme matériau pour construire des typologies conceptuelles. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, il s’attache à documenter les traces et à explorer les symptômes moins visibles de la guerre, à travers des métaphores visuelles. Dima Tolkachov expose 3 séries à Circulations, dont "Faces" produite par WhiteWall.